Il existe aujourd’hui deux flux principaux de migrants de travail pauvres à l’intérieur du pays. Le premier voit des personnes sans qualification quitter les provinces du centre-sud pour occuper des emplois dans l’industrie dans les banlieues de Ho Chi Minh-Ville (Binh Duong et Dong Nai), ainsi que des emplois dans le secteur informel en ville. Le second flux est assez similaire : il concerne les personnes du centre-nord et des provinces frontalières de la Chine se déplaçant vers Hanoï.
A moyen terme, un autre flux de migration pourrait voir le jour. La montée des eaux dans le delta du Mékong, conséquence du changement climatique, pourrait conduire à d’importants déplacements de population vers Ho Chi Minh-Ville. En effet, près de 20 % de la surface cultivable du delta pourrait se retrouver sous les eaux d’ici à la fin du XXIème siècle. Sans terres cultivables, les agriculteurs du delta seraient contraints à l’exode rural vers la métropole la plus proche, elle-aussi assujettie aux inondations, qui peinerait à leur trouver du travail.
Selon les services vietnamiens compétents, ces migrants ne sont pas toujours bien encadrés et connaissent peu leurs droits. Et les localités qui les accueillent sont réticentes : elles conçoivent davantage leur arrivée en termes de coûts (santé, éducation, logement) qu’en termes de revenus créés.
Cela est vrai, dans une certaine mesure, mais les localités commencent à faire des efforts. Par ailleurs, d’importantes grèves dans des usines de textile et de chaussures en 2015 ont amené le ministère du travail à modifier un article (art. 60) de la loi sur l’assurance sociale.
Un système de livret de résidence familial, le « Ho Khau », existe depuis plus de cinquante ans au Vietnam, pour limiter et contrôler ces migrations internes. En fonction de la ville ou de la province où le « Ho Khau » est enregistré, il est plus difficile, voire impossible, de mener telle ou telle démarche administrative concernant la sécurité sociale ou l’éducation des enfants, ou d’accéder à certains emplois (dans la fonction publique par exemple) en ville. La Banque mondiale a organisé le 21 juin à Ho Chi Minh-Ville un colloque sur le sujet. Elle suggère, pour permettre aux migrants de bénéficier eux aussi des dispositifs sociaux, d’abolir les différences de statut entre les personnes disposant d’une résidence temporaire et celles disposant d’une résidence permanente sur leur « Ho Khau ».
« Ho Khau » et livret de résidence temporaire
Source : https://ho-chi-minh-ville.consulfrance.org/Grand-angle-Exode-rural-et-migrations-de-travail-au-Vietnam
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