L’avenir du « pivot » américain en Asie est en jeu dans les élections du 8 novembre. La politique engagée par Barack Obama, qui a vu, avec plus ou moins de succès, un redéploiement stratégique des investissements et des forces diplomatiques américaines vers l’autre rive de l’océan Pacifique, dans la perspective de l’entrée en vigueur du Traité Trans-Pacifique (TPP), a relativement peu été discutée au cours d’une campagne qui s’est polarisée sur des questions de politique intérieure.
Pourtant, vues du Vietnam, les orientations de l’Amérique intéressent beaucoup. Le TPP, d’abord, qui a provoqué de nombreux débats internes lors du 12ème congrès du Parti communiste Vietnamien (PCV) en janvier dernier. M. Trump veut l’abandonner et Mme Clinton, même si elle « ne le soutient pas, sauf à certaines conditions », devra éviter une rupture trop brutale avec la politique de son potentiel prédécesseur et camarade du Parti démocrate. Le secrétaire exécutif du PCV, Dinh The Huynh, a passé la semaine dernière aux Etats-Unis avec ces éléments en tête, alors que son pays aurait beaucoup à gagner de ce traité de libre-échange en l’état.
Les relations avec l’ASEAN et la sécurité maritime, en second lieu. Hanoï souhaiterait une continuité de la future présidence sur ces questions, ou pour le moins, la voir honorer les engagements pris par Barack Obama sur la liberté de navigation.
Le Vietnam, allié historique de la Russie, est un des pays où se trouvent le plus grand nombre d’admirateurs de Vladimir Poutine en dehors de la Russie. Et le plus grand nombre de contempteurs de la Chine. Est-ce suffisant pour que les discours de M. Trump – sa proximité avec la Russie et ses commentaires sur l’essor économique de la Chine – opèrent une quelconque séduction ?
Les autorités vietnamiennes tentent une politique d’équilibre entre Moscou, Pékin et Washington. C’est d’une certaine manière ce qu’a voulu signifier M. Huynh à ses interlocuteurs, en passant par Pékin avant de se rendre à Washington. Elles s’adaptent pour cela aux positions des uns et des autres, qui peuvent fluctuer dans le temps, avec pragmatisme. C’est cette adaptabilité qui devrait prévaloir à Hanoï, quel que soit le résultat de mardi prochain car, et c’est parfaitement légitime, le Vietnam cherche d’abord à préserver ses intérêts.
Source : https://ho-chi-minh-ville.consulfrance.org/Grand-angle-Hillary-Donald-et-le-Vietnam
|