La découverte de la mort massive de poissons échoués sur près de 200 km de côtes du centre du Vietnam, tout particulièrement dans la province de Ha Tinh, a fait grand bruit. D’après le vice-ministre de l’agriculture, M. Vu Van Tam, leur mort est liée à la présence de produits chimiques dans l’eau de mer. L’affaire, révélée par la presse le 20 avril, pose des questions au-delà du scandale environnemental. La presse s’interroge à cette occasion sur les choix de développement du pays. La mauvaise gestion des eaux usées du chantier de construction de l’aciérie du conglomérat taïwanais Formosa dans la province de Ha Tinh semble en effet être la cause la plus probable, bien que les résultats officiels de l’enquête ne soient pas encore connus. Le groupe a en premier lieu nié les faits par la voix de l’un de ses représentants, arguant qu’ils avaient investi 45 M USD pour s’assurer que les eaux usées rejetées par l’aciérie étaient « en phase avec les critères environnementaux vietnamiens ». Mais le représentant en question a eu une formule malheureuse : « Entre l’acier et le poisson, il faut choisir ! », tout cela enregistré en vidéo.
La réaction des réseaux sociaux ne s’est pas fait attendre. Des slogans et images « Je suis poisson » ou « Je suis vietnamien, je choisis le poisson » ont pullulé sur facebook. La polémique a tant enflé que les représentants de Formosa ont dû présenter des excuses publiques en conférence de presse. Les autorités provinciales et le gouvernement central se trouvent dans une position délicate. L’entrée en activité de l’usine Formosa de Ha Tinh est prévue pour la fin de l’année 2016. L’investissement pour la première phase du projet représentait quelque 10,5 Md USD, pour un complexe industriel capable de produire annuellement sept millions de tonnes d’acier. Dans une province très pauvre et enclavée telle que Ha Tinh, située à 430 km au sud de Hanoï, ce n’est en aucun cas négligeable, tant en termes d’emplois que de développement économique. Ce n’est pourtant pas la première fois que des investissements étrangers présentent un fort risque environnemental. A la fin des années 2000, l’exploitation de bauxite sur les hauts-plateaux du centre par des entreprises chinoises avait aussi été pointée du doigt.
Le Premier ministre a promis des mesures d’urgence pour les pêcheurs. Quant à l’avenir des poissons, les autorités, dont celles de Ho Chi Minh-Ville, assurent qu’ils ne se retrouveront jamais sur les étals des marchés, après les scandales alimentaires révélés au début du mois d’avril.
Source : https://ho-chi-minh-ville.consulfrance.org/Grand-angle-Des-poissons-morts-sur-les-cotes-du-centre-du-Vietnam
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