Depuis les années 1990, Hô Chi Minh-Ville connaît un fort développement économique (croissance annuelle moyenne de 9,5 % du PIB régional). Ce développement tant urbanistique et économique qu’industriel s’accompagne mécaniquement d’une dégradation de l’environnement qui préoccupe les autorités. Les niveaux de pollution sonore et atmosphérique des villes vietnamiennes, s’ils n’atteignent pas ceux de Bangkok ou Manille, sont élevés. Les effets conjugués du fort accroissement démographique, de l’augmentation du pouvoir d’achat et de la rapide motorisation des ménages ont entraîné un phénomène de congestion préoccupant pour la mobilité urbaine. Différents signaux d’alarme se sont successivement allumés : émissions industrielles – concentrations en SO2 (dioxyde de soufre) et en NOx (oxydes d’azote) –, congestion, raréfaction de la voirie urbaine…
Le parc de motocycles vietnamien a triplé en 14 ans
L’amélioration du niveau de vie de la population, due à une croissance économique soutenue, a ainsi facilité l’accès des ménages à l’achat de motocycles. Le report modal du vélo vers la moto, initié dans les années 1990, a été très rapide. De ce fait, le parc de motocycles a triplé ces quatorze dernières années. 2,5 M de motocycles ont été enregistrés à Hô Chi Minh-Ville en 2002 contre 8,5 M en 2016. Cela représente la plus grande concentration du pays. On peut noter que 1 million de ce total sont des deux-roues importés par des expatriés. Environ 140 nouvelles voitures et 750 nouvelles motos sont enregistrées chaque jour à Hô Chi Minh-Ville, dont la population est estimée à 12 millions de personnes.
La pollution de l’air a empiré au Vietnam au cours des cinq dernières années selon un rapport du Centre d’analyses et de contrôles du service environnemental du Comité populaire qui a relevé une augmentation de concentration de poussière dans l’air. Cet état de fait s’explique par cet usage généralisé du motocycle. La part du transport en deux-roues motorisé est écrasante et représente environ 80 % des déplacements à Ho Chi Minh-Ville. La part des transports collectifs quant à elle (essentiellement les bus) ne représente plus que 2 à 3 % du trafic urbain alors qu’il était dominant jusqu’au milieu des années 1980. La part des déplacements en voiture individuelle est estimée à 8 % et croît rapidement.
L’université américaine Yale a publié un index de performances environnementales qui classe les pays selon deux catégories : santé et préservation de l’écosystème. Selon ce classement américain, le Vietnam arriverait à la 131ème place sur 180 pays et les habitants du Vietnam respireraient un des huit plus mauvais airs du monde.
Le fléau des particules en suspension
Depuis 2012, le niveau total de particules en suspension (TSP), utilisé pour mesurer la concentration en masse de particules (PM) dans l’air, dépasse chaque année 2 à 3 fois les niveaux de sécurité à Hô Chi Minh-Ville tout comme à Hanoï, Danang et Hai Phong. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les niveaux de particules fines appelés PM2.5 ne devraient pas dépasser 10 microgrammes par m3 en moyenne sur un an et les polluants légèrement plus grands, appelés PM10, eux ne devraient pas dépasser 20 microgrammes par m3 en moyenne. Le rapport précité indique que ces indicateurs sont dépassés 20 % du temps de l’année à Hanoï et à Hô Chi Minh-Ville.
Les particules fines PM2.5 peuvent se loger dans les poumons et causer un certain nombre de maladies, y compris le cancer du poumon. Les décès attribuables aux particules d’air dangereuses au Vietnam ont grimpé de 60 %, passant de 26 300 en 1990 à 42 200 en 2015, selon une étude menée par le Health Effects Institute, un centre de recherche de Boston spécialisé dans les répercussions de la pollution atmosphérique sur la santé. La matière particulaire ambiante occupe le cinquième rang parmi les facteurs de risque mortels dans le monde, après l’hypertension artérielle, le tabagisme, le diabète et l’hypercholestérolémie.
L’évolution des transports, qui se traduit par une saturation de l’espace urbain, un niveau de pollution de l’air souvent au-dessus des seuils sanitaires et un accroissement du nombre d’accidents, peut représenter un risque pour le développement économique et social de Hô-Chi-Minh-Ville. Ce problème peut ternir quelque peu l’image de la ville et freinent certains investisseurs ou nouveaux arrivants.
La municipalité a donc décidé de prendre des mesures. Un projet a déjà été avancé, visant à relocaliser certaines grosses entreprises très polluantes hors du périmètre de la ville. Selon celui-ci, ces entreprises devaient mettre en place un plan de nettoyage urgent sous peine de voir leur autorisation d’activité industrielle retirée.
Source : https://ho-chi-minh-ville.consulfrance.org/La-qualite-de-l-air-a-Ho-Chi-Minh-Ville
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