Une vue du fleuve Rouge à Hanoi
La province de Kontum vient d’annoncer qu’elle retirait l’autorisation donnée à la construction du barrage hydroélectrique Dak Brot, dans la commune de Dak Nhoong. La construction de ce type d’infrastructures fait l’objet de critiques scientifiques de plus en plus nourries et nombreuses. Les petits barrages ont des conséquences importantes sur leur environnement immédiat : atteintes graves aux zones forestières où résidait jusqu’alors une importante biodiversité, risque d’inondations ou, au contraire, de pénurie d’eau pour l’irrigation. Les gigantesques projets sur les grands fleuves voient ce type de risques décuplés. Le cas du Mékong, avec six barrages déjà construits, trois en construction, et douze en projet entre la Chine et le Cambodge, est bien connu. Les retenues d’eau ne font qu’aggraver les conséquences du phénomène El Niño dans un delta en situation alarmante. Au-delà, les barrages perturbent la sédimentation et provoquent l’érosion des sols. C’est la raison pour laquelle les propositions initiales pour l’aménagement du fleuve Rouge ont provoqué une émotion certaine.
Le ministère du plan et de l’investissement vient de soumettre au Premier ministre le projet du groupe Xuan Thanh : pour 1,1 Md USD financé sous forme de BOT (Build-Operate-Transfer), le groupe souhaite créer une ligne de navigation fluviale, construire six centrales hydrauliques et barrages et construire de nouveaux ports à Hanoï, Phu Tho, Yen Bai, Lao Cai et Hung Yen. Certes, cela permettrait une production électrique avoisinant le milliard de kWh, mais la presse pose deux questions. Premièrement, pourquoi construire des barrages sur le fleuve Rouge quand on a déjà pu mesurer les conséquences sur l’agriculture et les sols qu’ils avaient sur le Mékong ? Ensuite, le groupe Xuan Thanh, et plus précisément sa filiale Xuan Thien, ont-t-ils les moyens financiers de leurs ambitions ? Le contrat risque-t-il de passer de mains en mains avant d’atterrir sur le bureau d’une entreprise étrangère ?
Une vue du fleuve Rouge à Hanoï« On ne peut pas vendre le fleuve pour des intérêts économiques » se sont ému les journalistes et les internautes. Le contexte, après la mort massive des poissons sur les côtes du centre du Vietnam, pousse l’opinion vietnamienne à s’intéresser plus avant aux questions environnementales. L’Assemblée nationale, quant à elle, a récemment pris ses responsabilités en faisant annuler 400 projets de petits barrages, similaires au barrage Dak Brot. Cette nouvelle méthode d’évaluation des petits projets pourra sans doute être reprise pour les plus grands.
Source: https://ho-chi-minh-ville.consulfrance.org/Grand-angle-Des-barrages-encore-des-barrages
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