Le Vietnam est un des pays les moins forestiers d’Asie du Sud-Est. L’Organisation des Nations-unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié un rapport qui indique que sur 12,9 M d’hectares officiellement classifiés en forêts, seuls 85 000 Ha sont désormais couverts d’une forêt primaire (vierge), n’ayant jamais subi de dommages liés à une activité humaine.
Le problème est aussi une affaire de représentation historique. Le développement de la riziculture a favorisé la seule vision des gens des plaines et des deltas, qui voient encore les forêts comme un lieu hostile – où l’on trouvait Monsieur Tigre –, au détriment des ethnies forestières pour qui elles forment un espace nourricier dont dépend leur subsistance. De plus, étant perçues dans l’imaginaire collectif comme des sanctuaires de résistance, elles devaient être défrichées.
Depuis l’ouverture économique du pays et l’ère du « doi moi », la sylve est considérée comme une zone pionnière sur laquelle on doit gagner pour étendre les cultures de rente. Dans ce contexte, les préoccupations environnementales ont du mal à mobiliser les autorités.
Les 5 provinces de Tây Nguyên (qui désigne les hauts-plateaux du centre) portent officiellement à elles seules le quart des espaces forestiers nationaux et concentrent aussi les problèmes liés à leur disparition : coupes et feux illégaux, selon la Direction générale de la statistique du Vietnam. Les chercheurs vietnamiens eux-mêmes attribuent à l’État la disparition des trois quarts de la surface forestière.
Centres agricoles, nouvelles zones économiques, politique de sédentarisation et fermes agricoles d’Etat ont poussé dans le sens du développement des forêts… de caféiers. Les surfaces plantées sont passées de 18 000 à 370 000 Ha ces 20 dernières années, principalement dans le Tây Nguyên. L’arrivée de gens des plaines pour l’exploitation, et la raréfaction des terres et des ressources hydriques qui en découle, créent des tensions entre ces différents groupes de population. Chaque année 23 000 Ha disparaissent officiellement dans les provinces du Tây Nguyên. A l’échelle nationale, 217 000 Ha auraient été défrichés sur la période 2000-2015, d’après Global Forest Watch, menant à un appauvrissement écologique qui semble inéluctable.
Les autorités vietnamiennes ont pris conscience des enjeux sociaux et environnementaux liés à la forêt et souhaitent lutter contre cette déforestation. Elles n’y parviennent encore qu’imparfaitement.
Source : https://ho-chi-minh-ville.consulfrance.org/Grand-angle-La-deforestation-au-Vietnam
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